Julien Dive en a fait une habitude. Depuis son élection comme député du parti Les Républicains (LR) dans l’Aisne, c’est toujours lui qui répond à ses administrés sur les réseaux sociaux. Seulement, depuis quelque temps, les messages ont bien changé : de plus en plus de salariés ou de petits patrons qui, auparavant, n’auraient « jamais pensé à le contacter pour ça », lui demandent de l’aide. Un propriétaire de bar, une gérante de crêperie… Les appels au secours se multiplient. Certes, les dispositifs existent, mais les deux confinements et la fermeture sine die des commerces dits « non essentiels » à l’automne font craindre le pire à la formation de droite, qui alerte « contre une crise sociale » à venir « désastreuse ».
« Aujourd’hui, un responsable politique conscient et lucide ne peut pas ignorer ce sujet, aujourd’hui c’est le sanitaire, demain ce sera le social. Nous avons des indicateurs alarmants », affirme Aurélien Pradié, député du Lot et numéro trois du parti.
Les deux hommes ont d’ailleurs constitué, en octobre 2020, avec une vingtaine d’élus, un groupe de travail chargé de plancher sur des propositions contre la crise sociale consécutive à l’épidémie. « Le Bouclier contre la pauvreté », selon les termes choisis par ce groupe, est le produit de consultations avec des élus locaux, mais aussi avec des associations. Il devait être présenté avant la fin du mois de janvier et « mis sur la table afin que le gouvernement s’en saisisse », précise-t-on chez LR.
« Nous sommes en 2021 et 10 millions de nos concitoyens vivent en dessous du seuil de pauvreté (…) 8 millions ont recours à l’aide alimentaire pour survivre et se nourrir. Nous sommes en 2021 et toutes les associations d’aide aux plus démunis nous alertent sur une explosion de leurs bénéficiaires », avait déclaré Aurélien Pradié à la tribune de l’Assemblée nationale le 12 janvier.
Méfiance vis-à-vis du confinement
« Nous allons évoquer des thématiques comme l’accès à l’emploi, le logement, l’alimentation », explique M. Dive, qui rappelle que « beaucoup de gens qui alternaient entre périodes de travail et d’inactivité, des jobs saisonniers, n’ont pas le droit au chômage partiel » faute d’heures travaillées suffisantes. Et d’évoquer les étudiants qui travaillent pour payer leur loyer et dont 800 000 emplois auraient été supprimés, selon lui.
Une situation qui provoque la méfiance du parti vis-à-vis de certaines mesures de lutte contre le Covid-19, dont le confinement, considéré comme une « solution de dernier ressort ». « La pauvreté, c’est d’abord lié à l’activité économique insuffisante. Dans un pays déjà socialement fragile et confronté depuis longtemps à un chômage de masse, confinements et couvre-feux ont plongé des millions de foyers dans la souffrance, s’inquiète ainsi l’eurodéputée Agnès Evren. Prenons garde à ne pas tuer l’activité économique. »
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